GHARDAIA – Les habitants du M’zab (Ghardaïa) veillent à chaque occasion religieuse, particulièrement Achoura (10ème jour du mois hégirien de Mouharem), à perpétuer des traditions incitant à la solidarité, l’entraide et le renforcement de la cohésion sociale entre les familles et les ksour.
Ses ksour deviennent ainsi des espaces pour la préservation de certaines coutumes et actions caritatives et sociales au profit de la collectivité, en déperdition dans plusieurs zones urbanisées du pays, ainsi qu’à la perpétuation des traditions ancestrales d’une grande portée sociale, telle que le nettoiement des cimetières et autres espaces communs (routes et placettes).
Cette action sociale volontaire, qui s’effectue le jour de Achoura, consiste à nettoyer, enlever les détritus et autres objets envahissant et polluant, tels que les sachets et bouteilles en plastique, ainsi que le désherbage des espaces funéraires.
C’est aussi une occasion pour se recueillir sur les tombes des proches et procéder au remplacement des palmes pennées, que l’on place sur la tombe pour identifier le défunt et agrémenter l’environnement.
« Cette tradition de respect des valeurs authentiques de volontariat et de solidarité date depuis des siècles dans la région, en dépit des cultures étrangères favorisant le matérialisme et l’individualisme qui menacent notre société », a affirmé un notable de béni-Isguen, Dr. Ahmed Nouh. « A chaque fête de Achoura, nous entendons promouvoir la culture de citoyenneté active et responsable, à travers des actions de solidarité sur le terrain, et sensibiliser la jeunesse à ces nobles valeurs », a-t-il souligné.
A la veille de chaque fête de l’Achoura, la région du M’zab est enveloppée par un souffle de spiritualité, de recueillement et de convivialité.
Pour de nombreuses familles, cette journée d’Achoura est une occasion pour s’acquitter d’une contribution matérielle, la Zakat, un des cinq piliers de l’Islam, qui consiste à assister les plus démunis.
Achoura est avant tout une fête sociale, les familles, élargies, se réunissent et échangent les visites dans une ambiance chaleureuse autour de mets préparés spécialement pour cette journée ou des valeurs de solidarité, d’humanisme, de tolérance et d’entraide sont revivifiées.
Traditionnellement deux plats culinaires très prisés par les habitants du M’zab, dénommés en tamazight « Ibaoun » et « Ouchou Tini », respectivement fèves et couscous à la sauce de datte, sont concoctés à l’occasion de cette fête immortalisant le jour ou le prophète Moise a été sauvé de la poursuite de Pharaon.
Perçue également comme une fête de l’enfance, la tradition veut que la veille d’Achoura, les femmes mettent à leurs enfants du « khôl », poudre d’antimoine mis sur le contour des yeux afin de les mettre en valeur.
APS.
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