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Communiqué du Conseil des Notables du M’zab (Conseil Chikh Ba Abderahmane El Kourti)

20 août 2015

Conseil Chikh Ba Abderahmane El Kourti

Communiqué

(traduit de l’arabe Aout 2015)

Face à la gravité de la situation que la wilaya de Ghardaïa a vécue durant deux années, marquées par des actes sanglants et par des destructions catastrophiques, il est de notre devoir d’assumer notre responsabilité religieuse, nationale et humanitaire. Et après lecture approfondie des événements, suivie par celle des dispositions officielles et des actions sur le terrain, nous avons décidé de publier le présent communiqué adressé aux différents médias publics et privés. Ceci, afin d’exprimer notre point de vue sur les événements qui ont frappé la Vallée du M’Zab et apporter des correctifs à certaines interprétations erronées ou déviées, d’une part, et dévoiler d’autre part les falsifications de la vérité introduites par des lectures médiatiques et politiques partisanes. En fait, nous considérons que la majorité d’entre elles manque de crédibilité, soit par ignorance de la réalité des faits, soit par manque d’information ou encore, par intention délibérée de semer le faux, déformer des vérités historiques et entacher les actes d’héroïsme des Nationalistes loyaux.

Acteurs honnêtes des médias !

Nous sommes confrontés aujourd’hui, à une crise nationale, touchant une région oh combien précieuse ! Pour nous et pour tout Algérien fier et jaloux de l’unité de son Pays ; et nous nous interrogeons avec un ressentiment de colère mêlé à l’étonnement et à l’indignation : Pourquoi Ghardaïa ? Qui se cache derrière cette crise ? Que visent les déclarations politiques qui ont contribué à la surenchère sur cette situation ?

Nous nous demandons comme tout Algérien honnête, qui est responsable de tout ce qui s’est passé à Ghardaïa ? Et en particulier : A Qui profite le crime ?

Et parce que nous sommes les premières victimes de ces événements, il relève de notre droit de nous interroger :

  • N’est-il pas temps pour les frères qui cohabitent à Ghardaïa dans la paix depuis des siècles, de faire preuve de sagesse et opter pour le dialogue ?
  • N’est-il pas temps pour les autorités, de prendre réellement et sérieusement en main la dérive des événements de Ghardaïa ?

 

Acteurs médiatiques !

Depuis bientôt deux ans, Ghardaïa brûle, et gémit dans le silence ; deux années ont entrainé la mort de plus d’une quarantaine de victimes, sans parler de centaines de blessés et d’invalides à vie… Deux années de crise ont abouti également à la désertion de quartiers complets et à des pertes matérielles considérables évaluées à plusieurs milliards de Dinars.  Elles ont provoqué le pillage et l’incendie de centaines de maisons, de locaux commerciaux et le saccage de nombreuses exploitations agricoles. A cela il faudrait ajouter les violations répétées de mosquées, de médersas et d’instituts coraniques. On a été jusqu’à brûler vives des personnes sur la voie publique. Puis, par esprit de haine et de traitrise, des terroristes, des criminels et des jeunes embrigadés, ont attaqué des mosquées sacrées et des édifices classé patrimoines historiques. Et le plus effroyable, certains ont été jusqu’à profaner des tombes et déterrer des dépouilles mortelles.

Malgré les multiples voix qui se sont élevées dès le déclenchement de la crise, appelant au calme et à la vigilance, et malgré nos multiples appels pour une intervention urgente et énergique de l’État, lancés par nos instances traditionnelles, aucune disposition concrète n’a été entreprise. A notre grand regret, la majorité des responsables n’a pas dû apprécier la gravité des faits. Pire encore, ils les ont qualifiés de querelles entre gamins…

Et lorsque les faits ont mis en évidence une menace à la sécurité de l’Algérie, et à sa stabilité, nous avons commencé à enregistrer une certaine volonté politique de l’État, pour juguler la crise et mettre un terme à la grande sédition (Fitna). Ceci a été ressenti notamment, après les importantes décisions, hautement appropriées, qui ont été prises au cours de la réunion extraordinaire consacrée à la crise de Ghardaïa, et présidée par son Excellence le Président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika.

Opérateurs et acteurs médiatiques !

Alors que nous exprimons de nouveau notre confiance totale au Pouvoir Algérien, pour trouver à travers ses diverses structures une solution rapide à la crise, en dehors de toute ingérence étrangère, nous enregistrons malheureusement encore sur le terrain, de nombreuses défaillances et de nombreuses erreurs d’approche publiées par certains journaux, certains canaux télévisés et réseaux sociaux. Cela va des déclarations de certains hauts responsables parlant d’appui et de financement des actes de violences par un État frère, jusqu’à la réduction des raisons de la Fitna, au fait d’un seul individu.

Partant de tout ce qui précède, nous tenons à préciser :

  1. L’unité nationale et la stabilité du pays constituent la ligne rouge à ne jamais franchir
    1. Nous n’admettons aucune surenchère sur nos Valeurs Nationales et n’attendons aucune leçon de civisme, de qui que ce soit, quand à la préservation de l’unité nationale et au sacrifice pour la sécurité et la stabilité de notre Pays. Ce sont là, les principes avec lesquels nous avons été élevés et éduqués. Nous les Mozabites, nous les avons acquises grâce à nos Médersas et à nos Institutions traditionnelles ; celles-ci ont donné à l’Algérie, d’illustres Savants tels que : Cheikh T’fyèche, Cheikh Bayoud, des Moudjahidines et de valeureux martyrs tels que : Moufdi, poète de la Révolution, le pionnier de la presse nationale, Cheikh Aboulyakdhane ; on peut citer également : le poète Salah Kherfi, les docteurs Gueddi Bakir, Tirichine Brahim, sans oublier Meriem Abdelaziz et bien d’autres Martyrs …
    2. Nos structures traditionnelles ont toujours veillé à la défense de notre Pays, par l’encadrement de notre société, et notamment des jeunes, loin de tout esprit d’assistanat ou de compter uniquement sur le budget de l’État et de ses programmes. Elles ont veillé, et veillent encore, à former une jeunesse laborieuse, cultivée et consciencieuse ; une jeunesse capable de participer au développement du Pays, par la création et la gestion saine d’entreprises et de projets économiques. Par ailleurs, vaccinée contre tout esprit de violence ou de ségrégation, l’Algérie n’a relevé dans notre communauté aucun terroriste Mozabite durant la triste décennie noire. Pourtant nous avions enduré, au même titre que tout le peuple Algérien, des souffrances et des pertes de dizaines de nos meilleurs enfants, victimes de cette tragédie.
  2. Rôle des conseils de Notables et des Organisations traditionnelles durant la crise :
    1. A cette occasion, nous appelons tous les dévoués à notre Pays, à respecter les directives données par nos deux Conseils, Cheikh Ami Saïd, et Cheikh Ba Abderrahmane El Kourti, dans leurs communiqués depuis le déclanchement de la crise, ainsi que ceux émis par les Conseils des notables des sept villes du M’Zab.  Dans ces communiqués, vous ne constaterez que des appels au calme, des dénonciations du racisme et de la sédition. Ils ont toujours mis en garde contre toute menace à la sécurité de l’Algérie et à sa stabilité. Il appartient aux citoyens honnêtes, de les comparer aux autres textes formulés par d’autres conseils et d’autres instances. Certains communiqués renferment de graves accusations et des appels sous-entendus à l’anarchie et à la violence.
    2. Les Notables de la vallée du M’Zab et les enfants de la société Mozabite rejettent catégoriquement l’atteinte à nos institutions et organisations traditionnelles qui ont veillé, à ce que la Fitna soit enterrée, et appellent continuellement à l’application stricte des lois de la République ; Ils demandent sans cesse de sanctionner sévèrement tout instigateur et provocateur de la crise, quel que soit son appartenance et son statut social ou politique. Ils rejettent énergiquement ce que débitent certaines plumes journalistiques, et certaines chaines télévisées fallacieuses, comme accusations contre la société Mozabite. A ce propos, on ne relève malheureusement aucune prise de position, ni aucun communiqué officiel de l’autre partie, qui dénoncerait les actes de ses enfants, qui ont adopté le terrorisme comme profession ou qui ont contribué à l’aggravation de la Fitna par des appels à la tuerie et à la violence.
  3. Prendre en urgence des sanctions contre tout instigateur de la crise :
    1. Ceci afin que les habitants de Ghardaïa reprennent confiance en la justice qui toucherait tout le monde, sans exclure des mesures correctionnelles contre tous ceux qui ont participé aux actes de violence. D’autre part, les jeunes inconscients, victimes d’embrigadements, et écroués, ne doivent pas payer le plus grave tribut, alors que les véritables criminels et les vrais malfaiteurs échappent à la justice.
    2. Confiants quant à la haute compétence de nos structures de sécurité et en leurs moyens sophistiqués, nous réclamons instamment qu’elles appliquent, avec la rigueur qui convient, la loi sur les délits électroniques en vue d’arrêter les personnes qui ne cessent d’envenimer l’atmosphère à travers les réseaux sociaux. En effet ces criminels incitent froidement à tuer les Mozabites Ibadites, au vu et su de tout le monde. Ils exhortent à la tuerie et au pillage, et déclarent traitres et impies des frères de patrie et de religion. Ils appellent à l’atteinte de leurs biens et de leur honneur, en utilisant des fatwas de « mise à ban », [Takfir] tendancieuses. Parmi eux, il y en a qui se cachent derrière des pseudonymes sur Face book et Tweeter ou sur des médias qui incitent à la rancune et la haine ; on peut citer : Malikia news, HD Thenia, ou hd ghardaia, ainsi que de nombreuses autres. Nous détenons toute une archive de déclarations, de séquences vidéo et de pages qui peuvent dénoncer ces meneurs.
    3. Par la même occasion, nous condamnons fermement ce qui émane de pseudo-auteurs de livres et articles comportant des témoignages et des faits historiques falsifiés, ainsi que des trucages, portant atteinte à l’histoire de notre glorieuse Révolution. Ces écrits tentent de jeter le doute sur le patriotisme des Mozabites, en les accusant de trahison et tentent de dissimuler la l’héroisme de nos Moudjahidines qui ont sacrifié avec honneur, leurs vies pour l’indépendance de notre cher Pays. Et nous réclamons par la présente, la promulgation d’une loi stricte, protégeant l’Histoire et la Mémoire Nationale.
  4. Lutter contre l’esprit « Takfir »
    1. La crise qui a sévi dans la wilaya de Ghardaïa a nécessité de tirer la sonnette d’alarme, sur la résurgence de l’esprit « Takfir » en Algérie d’une manière générale et à Ghardaïa en particulier. Cet esprit a été un facteur déterminant qui a contribué à l’intoxication du climat social dans notre wilaya ; son souffle, comme tout le monde le sait, nous vient de certains pays étrangers voulant nuire à l’unité de notre pays.
    2. Nous dénonçons fermement les marches xénophobes organisées à Metlili au cours desquelles les manifestants clamaient : « il n’y a de dieu qu’Allah, l’Ibadi ennemi d’Allah ». Les mêmes slogans ont été scandés à l’occasion d’un récent enterrement à Sidi Abaz ; ceci, en plein de Ramadan, mois du pardon et de la miséricorde.  Malheureusement, aucune voix officielle ne s’était élevée contre cette infamie, et aucune mise au point n’était venue corriger ces diffamations et punir ceux qui se tiennent derrière ces slogans et ces malversations.
    3. Il s’avère indispensable pour les institutions éducatives, de revoir les programmes scolaires, pour initier une sensibilisation des élèves au respect de la diversité rituelle et lutter contre les idées déviationnistes et sectaires qu’on distille dans l’esprit vierge des enfants innocents.
  5. Eloge aux instances sécuritaires ayant agi à Ghardaïa
    1. Nous saisissons cette occasion pour renouveler notre reconnaissance et remerciements à tous les Services de Sécurité, à l’Armée Nationale Populaire, à la Gendarmerie Nationale, et à la Police, pour tous les efforts qu’ils ont fournis au cours de leur mission à Ghardaïa. Ils se sont attachés à protéger les vies et les biens et ramener le calme et la sécurité à la wilaya ; et ceci, malgré la difficulté de la mission et malgré des conditions locales, particulièrement pénibles.
    2. Afin d’éclairer l’opinion publique, nous réclamons la publication des résultats des enquêtes menées par la Direction de la Gendarmerie Nationale et la Direction Générale de la Suretré Nationale, concernant les dépassements commis par certains éléments de l’ordre public durant les deux années écoulées, ainsi que les sanctions prises contre les fautifs.
  6. Clarification des termes associés à la crise.
    1. Parmi les causes ayant contribué à la dégradation de la situation à Ghardaïa, l’usage de termes que l’on ne cesse d’employer pour décrire la Fitna et l’affrontement sévissant dans la région. Celui qui a suivi la crise de près, a dû remarquer que certains parlaient d’affrontement entre Malékites et Ibadites afin de polariser les Malékites du Pays et les impliquer dans le conflit. Pour d’autres, il s’agissait d’affrontement entre les Mozabites Amazighs et certains Arouch [tribus] arabes ; ceci, pour exciter les Amazighs d’Algérie et ceux vivant à l’étranger. On a également noté l’usage de l’expression « minorité Mozabite » ; ceci évidemment dans le but de porter atteinte à l’intégrité du pays en brandissant le spectre de la protection des minorités et par là-même, internationaliser le conflit.

En fait, l’origine du conflit et de l’affrontement, se confine dans les esprits des ennemis de la culture, de la réussite, et de l’épanouissement de l’Algérie ; ils veulent simplement attiser la discorde entre les Co-habitants dans une même wilaya.

 

Opérateurs de la presse et des médias !

 

Nous formulons le vœu de voir vos plumes et vos programmes à l’écart de tout ce qui tend à verser de l’huile sur le feu et à embraser la situation dans cette région, si chère à notre Algérie. Le scoop d’une actualité ne peut reposer sur des mensonges ou sur des allégations et des rumeurs qui attisent le feu. La loyauté en matière d’information implique de la recueillir à sa source. La transparence et la bonne foi exigent des publications et des diffusions qui sauvegardent l’intérêt majeur du Pays ; et à cette occasion, nous saluons les Consciences Vivantes, et les nobles plumes qui ont su rapporter les faits en toute professionnalité.

Par ailleurs, nous invitons les médias locaux à observer la déontologie professionnelle et le recours à leur conscience nationale et humaine, en premier et lieu ; ils doiventéviter les écrits qui contribuent à rallumer les feux de la Fitna… Nous ne demandons pas de favoriser un parti quelconque, mais nous exigeons des informations objectives et justes dans le rapport des faits, en les puisant à la source ; nous les exhortons à tendre au mieux à l’apaisement en privilégiant l’intérêt majeur du Pays.

D’autre part, nous interpelons la Presse et l’invitons à dévoiler ce qui se trame sous la face cachée de l’administration locale, que nous considérons comme le moteur essentiel de la crise et de toutes les dissonances depuis l’indépendance. En Effet, depuis des décennies, la gestion administrative à la Wilaya de Ghardaïa est conduite par un lobby, dont l’objectif essentiel se résume à l’exclusion des Mozabites et à la main mise sur leurs droits et leurs biens.

Nous appelons également les responsables de la presse écrite et ceux des chaînes télévisées privées, à analyser dans le détail, les rapports écrits par certains correspondants médiatiques de Ghardaïa, qui ont déformé plus d’une fois la réalité ; ils ont formulé des accusations et falsifié la vérité : toute une archive existe en matière de délits professionnels ; nous  pourrions éventuellement à la disposition de la justice et des pouvoirs centraux.

Nous renouvelons enfin à nos Frères au M’Zab et à Ghardaïa en particulier, notre appel au calme, à la maîtrise de soi, à la raison et au dialogue. Nos différences à est une bénédiction, et notre diversité culturelle est une richesse historique pour l’Algérie ; cette diversité nous appelle au respect mutuel et à un attachement plus fort à l’unité de l’Algérie. Nous ne devons pas donner aux ennemis de l’Algérie l’occasion de saper notre sécurité et notre stabilité.

Nous concluons en rendant hommage aux Hommes de cœur qui, à travers tout le territoire national, nous ont témoigné leur fraternité, leur sympathie et leur soutien moral. Ils ont ainsi contribué à l’apaisement du conflit, au retour au calme et à la quiétude de la perle du Sahara … Ghardaïa la meurtrie.

 

Ghardaïa le : 5 Dhoul Qui’da – 20 août 2015

 

Le Coordinateur Général : Bahmed Doudou

le texte en Arabe

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